Les "TROIVILLE"

Chapitre 1 : TROIVILLE, orthographe, étymologie et origines du nom

 

 


1.1. Des orthographes variées.

Deux-Villes, Trois-Villes, Quatre-Villes !!! Combien de fois les porteurs de notre patronyme n'ont-ils pas entendu ces blagues dans leur enfance, voire au cours de leur vie d'adultes pour les plus malchanceux ? Les premières questions que l'on peut se poser sont les suivantes : " Existe-t-il un lien entre notre patronyme TROIVILLE ou TROISVILLE avec une idée d'une union de trois villes ? ", " Pourquoi certains porteurs du patronyme ont-ils un S au milieu de leur nom et d'autres non ? "
Il est à noter qu'il est plutôt rare de trouver des personnes s'appelant TROISVILLES avec le fameux " S " final. Rappelons, qu'en 2002, une recherche sur les pages blanches de l'annuaire donne 28 TROIVILLE, 8 TROISVILLE et aucun TROISVILLES. Il faut tout simplement savoir que dès que l'on remonte notre généalogie de quelques petits siècles, le patronyme TROIVILLE s'écrivait TROISVILLE (vers 1700-1770). Mais TROISVILLES avec un " S " final n'apparaît jamais.
Pour plus de commodité dans la suite de cet ouvrage, nous utiliserons la forme " TROIVILLE " sans aucun S, sauf précisions contraires.
Enfin, le patronyme a pu subir un nombre incalculable de variation au fil des siècles pour donner des TREVILLE, ………. Des études anglo-saxonnes ont démontré que des Troisville ont immigré dans d'autres états d'Europe ou d'Amérique et ont anglicisé ou germanisé leur nom. On peut également ajouter comme nous le verrons par la suite que Troiville ou Troisville est devenu un prénom aux Etats-Unis.

 

1.2. Etymologie incertaine ?

D'où vient notre patronyme ? Etymologiquement parlant tout d'abord. En principe, il s'agit d'un groupement de trois villages ou de trois domaines.


1.3. Une origine géographique ? Des lieux en France ?

Quelle est l'origine géographique de notre patronyme ? Une simple étude de la liste des communes françaises nous montre qu'il existe en France métropolitaine deux communes qui s'appellent TROISVILLES et TROIS-VILLES et plusieurs hameaux.

1.3.1. TROISVILLES (Nord).

La première commune, TROISVILLES, se situe dans la région du Nord-Pas-de-Calais, dans le département du Nord et plus précisément dans le Cambrésis (canton de Cateau Cambrésis). Code postal : 59 980. Code INSEE : 59 604. Ses habitants sont des Troisvillois. La commune a été formée par la réunion des trois fiefs d'Euvillers, de Fayt et de Sotières, ce qui lui valut son nom dès le XVIème siècle ; mais la date exacte de cette fusion n'est pas connue. En 1057, l'église d'Euvillers est donnée à l'abbaye Saint-Aubert de Cambrai par l'évêque Liébert. A noter que c'est le 26 avril 1794 que le général Chapuy attaque les troupes du duc d'York retranchées à Troisvilles et subit un grave échec qui entraîne peu après la chute de Landrecies. Un des hameaux de cette commune est appelé " Le Petit Troisville ". Le patronyme TROIVILLE étant antérieur au XVIème siècle, il est donc très peu probable qu'il existe un lien entre notre famille et cette commune mais cette piste n'est cependant pas à négliger. Il est d'autre part à noter qu'aucun porteur de notre patronyme ne provient de ce département, sauf peut-être quelques contemporains non répertoriés dans l'annuaire téléphonique.

1.3.2. TROIS-VILLES (Pyrénées-Atlantiques).

La seconde commune, TROIS-VILLES, se localise en Aquitaine, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, dans le canton de Tardets-Sorholus. Il s'agit du pays de la Soule dans le Béarn. La ville est implantée dans la vallée du Saison dans un paysage de montagne pré-pyrénéen. Code Postal : 64 470. Code INSEE : 64 537. Historiquement, c'est le siège du comté de Trois-Villes qui se constitua par achats au domaine royal. Armand du Peyrer était le fils d'un marchand d'Oloron qui lui permit de s'intituler Comte de Trois-Villes au 17ème (c'est le fameux Monsieur de Tréville des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas sur lequel nous reviendrons dans la suite de cet ouvrage) ; ses abus provoquèrent en 1661 la révolte des Souletins (habitants de la Soule), commandés par Matalas, curé de Moucayolle. Trois-villes est aussi la patrie d'Etxahun dit Hiru-Hiri, poète et auteur de pastorales célèbres. Au cœur de la commune, on peut visiter le Château d'Elizabia (ou Eliçabia), manoir datant de 1635, et classé depuis 1986 à l'Inventaire des Monuments historiques (IMH). Les pans du château sont attribués à Mansart (fenêtres à meneaux, toit d'ardoise, façade à deux courtes ailes, parc). L'actuelle propriétaire du château nous l'a fait visiter au cours de l'été 1998. Nous n'avons relevé aucun lien entre nos TROIVILLE et la commune de Troisvilles. Par contre, il faut toutefois noter que le patois limousin a pour origine des mots latins, celtiques et grecs et 1,5 % de basque…

1.3.3. Hameau de TROISVILLE à Sermentizon (Puy-de-Dôme).

Un premier hameau dénommé Troisville se trouve dans la commune de Sermentizon dans le Puy-de-Dôme en Auvergne près d'Aubusson d'Auvergne. Code postal : 63 120. Code INSEE : 63 418. Sermentizon est un village ancien où l'on peut encore observer quelques fermes typiques. Situé sur les rives du Lilion, le village est dans la région du Livradois et offre une belle vue sur le Forez et les monts Dôme et Dore. Sermentizon était le fief et le château d'Aulteribe. Ce dernier, ouvrage du XVème siècle, fut légué en 1954 à la caisse des Monuments historiques. Cantonné de tours rondes, il renferme du mobilier des XVIème et XVIIIème siècle, des tapisseries des Flandres des XVIIème et XVIIIème siècles, des peintures, des objets d'art et des souvenirs du compositeur Georges ONSLOW (propriétaire du château au XIXème siècle). Il était la possession des d'Harcourt au XVème siècle, puis des Montboissier au XVIème siècle. Je ne sais si ce dernier point est important pour nos recherches mais nous retrouvons les MONTBOISSIER à La Roche-Canillac en Corrèze, l'un des berceaux des TROIVILLE.

 

1.3.4. Hameau de TROIS VILLES à Thiers (Puy-de-Dôme).

Un second hameau dénommé Trois Villes (en deux mots) se trouve dans la commune de Thiers dans le Puy-de-Dôme. Code postal : 63 300. Code INSEE : 63 430. Thiers, beaucoup plus vaste que Sermentizon, est la capitale de la Coutellerie. Située également dans le Livradois près du Forez en Auvergne, la ville médiévale, accrochée à son rocher, abrite de très nombreux vestiges historiques dont la plupart sont classés à l'Inventaire des Monuments Historiques comme le manoir de Franc-Séjour et sa ferme (façades et toitures), le château de La Chassaigne (grille d'entrée et portillon 1789, porte d'entrée de la tourelle d'escalier, galeries, intérieur, cheminées, gypseries du XVIIIème siècle, la chapelle et son décor), le château de Cros-Perdrigeon, le château des Horts et le château des Champs. L'étude des noms des familles nobles locales montre qu'il n'y a apparemment aucun lien avec les familles nobles de Corrèze, berceaux des TROIVILLE.

 

1.3.5. Lieu-dit " Chez TROIVILLE " à Saint-Etienne-aux-Clos (Corrèze).

Un lieu-dit recensé par l'IGN et dénommé " Chez TROIVILLE " se trouve sur la commune de Saint-Etienne-aux-Clos, un des berceaux corréziens de notre patronyme. Située dans le canton d'Ussel-Est, commune de Corrèze, Limousin, la commune est implantée dans la vallée du Chavanon. Code postal : 19 200. Code INSEE : 19 199. C'est un ancien site celtique. Il dépendait du monastère de Port-Dieu qui avait une partie de la juridiction. L'autre partie appartenait aux DUBOIS, seigneurs du Mont. La Chapelle de Busséjoux, hameau qui a abrité de nombreux TROIVILLE, date des XIVème et XVème siècles.
Ici il s'agit vraisemblablement du patronyme TROIVILLE qui a donné son nom au lieu-dit.

1.3.6. Commune de TRÉVILLE (Aude).

Une autre commune, TREVILLE, d'étymologie voisine à TROIVILLE, se situe dans le Languedoc-Roussillon, dans le département de l'Aude, dans le canton de Castelnaudary-Nord au pays du Lauragais. Le Village est situé à l'extrémité de la Montagne Noire et offre une belle vue étendue sur celle-ci et les Pyrénées. Code postal : 11 400. Code INSEE : 11 399. La seigneurie de Tréville est mentionnée en 1208 sous le nom de " Trierum Villam " (c'est-à-dire le domaine, puis la ville ou le village appartenant à Trierus). Trierus serait au départ un nom de personne d'origine germanique. Aucun lien n'a jusqu'à présent été trouvé entre nos TROIVILLE et cette commune.

1.3.7. Hameau de TRÉVILLE à Saint-Jean-en-Val (Puy-de-Dôme).

Un hameau dénommé également Tréville se trouve dans la commune de Saint-Jean-en-Val dans le Puy-De-Dôme (canton de Sauxillanges). Code postal : 63 490. Code INSEE : 63 366. Il se localise dans le pays de France dénommé " Grande et petites Limagnes " sur les ruisseaux de La Valette et du Ravirou. Cité au 10ème sous le nom de " Mermech ", le village est une possession du prieuré de Sauxillanges. Le château de La Valette a été incendié en 1944. Un des principaux vestiges et la Croix de mission classée à l'Inventaire des Monuments historiques et qui présente un piédestal sculpté figurant le "Jugement Dernier". Aucun lien n'a été identifié entre ce hameau et nos ancêtres TROIVILLE.


1.4. Une origine historique ?

1.4.1. Du XIIIème au début du XVIIème siècle

Curieusement, les traces les plus lointaines du nom TROISVILLES (avec deux " S " ici) remontent au XIIIème siècle au Pays basque français.

Le tome 1 de l'Armorial de Bayonne - Pays basque et Sud Gascogne, publié par H. LAMANT (ADL Réf. Gd 8°1385 I et II), relève page 301 la présence des familles MONTREAL d'Urtubie et d'Armendaritz.

Les Comtes de TROISVILLES, marquis de Moneins - Ancienne famille chevaleresque de Navarre établie en France vers 1450. Guillaume de MONTREAL, chevalier, fut chambellan de CHARLES IV Le Bel, roi de France et de Navarre (1321).

VII - Jean Jacques de MONTREAL épouse le 27 septembre 1653 Marie Madeleine de MERITEINS de LAGO, fille de Jacques MERITEINS de LAGO et de Louise de TROISVILLES. Le tome 2 du même ouvrage présente les personnages suivants : Domec d'OSSAS (Soule) (page 225)

III - Guilhem Arnaud, seigneur du Domec d'OSSAS en 1487, nommé avec son père en 1488, épousa en 1480 Jeanne de TROISVILLES, fille de Menauton de TROISVILLES, seigneur de Casamajor et d'Elissabe de Troisvilles, et de Gracianne de BARCUS DE PEYRE (page 233)
Oloron - Troisvilles

I - Bertrand du PEYRER, marchand d'Oloron testa le 17 juin 1573. Il avait épousé en 1590 Marie de PATHIUO ; d'où :
1. Guilhem ;
2. Jean ;
3. Béarnaise qui épouse le 12 avril 1574 Jean d'ABIOU.

II - Jean du PEYRER, auteur de la branche des seigneurs de Troisvilles acquit le 18 septembre 1607 la maison noble d'Eliçabide et de Casamajor à Troisvilles.
X1 : Marié en premières noces le 9 novembre 1581 à Arnaudine de BAYARD (avec qui il aura 4 enfants, contrairement à ce qui est annoncé dans l'Armorial de Bayonne-Pays basque et Sud Gascogne).
X2 : Marié en secondes noces le 12 octobre 1597 à Marie d'ARAMITZ, fille de Pierre d'ARAMITZ, et de Louise de SAUGIS ; d'où :
1. Arnaud Jean ;
2. Pierre qui épouse Marie de MAYTIE ;
3. Louise, qui épouse le 19 avril 1636 Jacques de MERITEIN de LAGOR, d'où Marie Madeleine qui épousa en 1653 Jean Jacques de MONTREAL
TROISVILLES (page 277)

Soule - D'azur à la palme d'or, posée en fasce et accompagnée de trois flammes du même deux en chef et une en pointe.

Filiation établie depuis :
I - Jeanne, héritière des maisons nobles d'Eliçabia et de Casamajor de Troisvilles, qui épouse en 1530 Pierre Arnaud d'AHETZE de PEYRIEDE. D'où :
II - Pierre d'AHETZE, seigneur d'Eliçabia et de Casamajor de Troisvilles, père de :
III - Hélionor d'AHETZE, héritière d'AHETZE à Ordiarp de Tardets, d'Eliçabia et de Casamajor de Troisvilles, qui épouse noble Arnaud d'ECHAUZ, d'où :
IV - Bernard d'ECHAUZ qui épouse Françoise de SAUGIS, fille de Louis de TARDETS, qui vendit tous es biens de Troisvilles le 12 octobre 1607 à Jean de PEYRER. Jean Arnaud de PEYRER, fils du précédent obtint au mois d'octobre 1643, l'érection de la terre de Troisville en comté.

1.4.2. De la fin du XVIIème siècle au XVIIIème siècle.

(à venir)

 


1.5. Des personnages de la littérature ?

1.5.1. Les Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas : des personnages réels.

L'ouvrage " TROISVILLES, D'ARTAGNAN et Les Trois Mousquetaires : études biographiques et héraldiques " publié en 1910 par Jean de JAURGAIN, membre correspondant de l'Académie royale de l'histoire de Madrid présente une biographie détaillée de M. de TROISVILLES, capitaine-Lieutenant des Mousquetaires du Roi, héros décrit par Alexandre DUMAS dans son célèbre ouvrage. Je cite :

" Ce soldat de fortune qui sut, à force d'esprit et de bravoure, conquérir l'une des premières charges militaires de la Cour et le titre de Comte, encore peu prodigué sous le règne de Louis XIII, est beaucoup mieux connu par lé célèbre roman d'Alexandre DUMAS que par l'histoire de son épopée . " (…)

" Jean-Arnaud alias Arnaud-Jean du PEYRER, premier comte de Troisvilles, capitaine-lieutenant des mousquetaires de la garde de Louis XIII, gentilhomme ordinaire de sa chambre et lieutenant général de ses armées, était né dans la petite ville d'Oloron, en Béarn, en l'an 1598. " (…)

" Jean du PEYRER, père du capitaine TROISVILLES, fut un honorable bourgeois et marchand d'Oloron, qui, au lieu de ceindre l'épée, d'endosser la cuirasse et d'acquérir quelque gloire dans les guerres de la Ligue, ou au siège de paris, passa paisiblement sa jeunesse à faire le négoce avec l'Espagne ; ce qui lui permit d'acheter à beaux deniers comptants la gentilhommière de Troisvilles dont il transmit le nom aristocratique à monsieur son fils. Peut-être bien celui-ci trouva-t-il aussi dans l'héritage paternel quelque rapière immaculée, - qu'il se chargera d'illustrer, - mais non l'emblème héraldique ni la fière devise que lui attribue le romancier ".

" Il convient de noter ici que cette qualification de bourgeois et marchand était en grandissime honneur dans les villes de la vicomté de Béarn, comme à Bayonne eu Pays basque cispyrénéen, et n'impliquait aucune idée de dérogeance : beaucoup de possesseurs de fiefs nobles étaient des marchands enrichis et quelques gentilshommes, ruinés par les guerres civiles, reconstituaient leur fortune dans le commerce avec l'Espagne, s'intitulant bourgeois et marchands sans la moindre vergogne. " (…)

" Nous ne voulons pas insinuer, cependant, que le père du premier comte de Troisvilles ait jamais eu la prétention de se donner pour gentilhomme ; il nous semble, au contraire, que si Jean du PEYRER prit quelquefois la qualité d'écuyer, après acquisition du manoir de Troisvilles, ce fut moins par vanité que pour se conformer aux usages de Béarn et du pays de Soule où le possesseur d'une maison noble, qu'elle que fût sa naissance, jouissait de tous les privilèges de la noblesse d'ancienne extraction.


1.5.2. Le personnage de Balzac

(à venir)

 

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Corinne Durand

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